La jeunesse pour une écologie humaine
Un Collectif de jeunes étudiants signe une tribune dans Valeurs Actuelles pour appeler les sénateurs à ne pas oublier de prendre en compte l’écologie, dans sa dimension de protection de l’être humain :
Jeunes et soucieux de promouvoir les valeurs de l’écologie, nous appelons à une prise de conscience en cohérence avec le principe de précaution sur la Loi Bioéthique. À l’approche de la seconde lecture du Projet de loi au Sénat, nous nous inquiétons qu’un débat aussi important que celui-ci puisse omettre les enjeux écologiques. Malgré la gravité des questions suscitées, nous avons l’impression d’être spectateurs d’un processus législatif écartant toute mise en garde sur les conséquences imprévisibles de ce texte.
L’écologie doit protéger l’humain et son écosystème
Au risque de se corrompre, nous pensons que l’écologie doit protéger l’humain et son écosystème. Le fait naturel est là : un enfant est le fruit d’un homme et d’une femme. Couper la culture de la nature serait reproduire les mêmes erreurs commises dans le passé : faire croire que l’affranchissement total des limites naturelles par la technique permettrait aux hommes de s’accomplir. En étant obsédés par ce que vous appelez l’infaillible progrès technique, choisissant la recherche têtue d’une croissance infinie et validant la financiarisation de toutes les activités humaines, nous sommes arrivés en quelques années à commettre des dégâts considérables sur notre planète. Et vous êtes — osons-le dire — en quasi-incapacité de rétablir une situation viable, notre génération doit désormais lutter contre le réchauffement climatique et le déclin de la biodiversité. Compte-tenu de vos expériences et de leurs conséquences, comment pouvons-nous envisager de reproduire un tel schéma sur l’humain lui-même ?
Oui, notre jeunesse est agacée de votre incapacité à vous battre pour l’enjeu du XXIe siècle. Spectateurs de votre fébrile prise de conscience écologique, nous osons appeler à une cohérence entière. Le débat n’est pas celui d’une religion, ni celui d’un parti, il conditionne l’essence même de la civilisation que nous voulons pour demain. Antoine de Saint-Exupéry écrivait : « Ils croupissaient dans l’illusion du bonheur qu’ils tiraient de biens possédés. Alors que le bonheur n’est que chaleur des actes et contentement de la création. » Devons-nous aller jusqu’à abroger toutes les limites de la nature pour répondre à nos désirs ?
Les Français doivent être informés sur les potentielles menaces techniques
Une réflexion commune, sans idéologie, doit se faire sur l’ensemble du texte. Au-delà de la PMA pour toutes, les dispositions élargissant les frontières de la recherche embryonnaire semblent également aller à l’encontre de toutes raisons écologiques. La transition doit être accompagnée par une responsabilité éthique, en particulier lorsqu’il s’agit de sujets bioéthiques. Dans le contexte politique actuel, où la forme prend le pas sur le fond, nos voix s’unissent pour solliciter un débat qui n’écarte rien. Malgré notre jeunesse, nous avons compris que tout doit se faire dans la durée. Prenons le temps d’en parler de manière apaisée. Nous souhaitons pouvoir discuter avec vous du réel impact qu’aura cette loi.
Nous demandons aux relais médiatiques de prendre le temps de donner aux Français une vision large et objective des enjeux de ce projet de loi bioéthique en rentrant dans le fond du texte. Les Français doivent être informés sur les potentielles menaces techniques, notamment en ce qui concerne les créations d’embryons transgéniques et d’embryons chimères.
Nous demandons aux responsables politiques de mettre de côté toute logique partisane et de préférer une vision à long terme à une posture politique fondée sur l’éphémère. Il y a des votes qui se doivent de sortir de tout calcul politique, surtout lorsqu’ils tendent à façonner une société.
Depuis maintenant 60 ans vos discours se ressemblent et font l’objet de promesses, parfois tenues, souvent perdues. Au vu des circonstances écologiques, de la crise sanitaire, de la conjoncture économique et du climat social, l’avenir de notre société peut paraître bien sombre aujourd’hui. Ne rajoutez pas à ce constat difficile votre silence, votre mépris, votre déni.